Les Homeboys n’ont pas grandi dans un quartier populaire de Los Angeles. Ici, pas de poses viriles aux tatouages identitaires. Non. Pas de gang armé jusqu’aux dents ni de beats syncopés.Vraiment pas. Les Homeboys viennent de France, banlieue parisienne. Leur énergie, ils la transforment en électricité. Deux guitares, une basse, une batterie et une voix. Les Homeboys, c’est Fred (drums), Nico (six cordes etchoeurs), Sly (basse et choeurs) et Cyril (vocals et six cordes). Et c’est surtout une bande punk joliment bruitiste, aux morceaux organiques.

Flashback : 1995, le groupe voit le jour, durant un été. Répétitions, concerts et premiers enregistrements (deux démos mises en boite par Fab Process) : jusque là, l’histoire des Homeboys reste fidèle à la tradition punk. "Do It Yourself" comme credo (et comment faire autrement, de toute façon ?). Le nom sort de l’ombre, la rumeur s’étend... En mars 2000, sort leur premier ep, chez Panx Records, "Same Sunday...". 16 pistes analogiques et toujours Fab Process en maitre de cérémonie. Très vite, ils enchainent avec leur second ep, un split single chez Diabolik, en compagnie de Bionic, combo canadien lui aussi énervé. Les Homeboys prennent de la hauteur, participent à plusieurs compilations comme "Silver Action" sur Timer Records, "Cotton Swah" sur Up Your Ass Records ou bien encore "Tribute To Upstairs People" sur Brainless Records. Ces stakanovistes des trois accords affinent leurs compositions, mêlent habilement punk rock mélodique et ambiances moins festives que douées de sentiments, la voix rejetant systématiquement tout effet de style pompeux. Les Homeboys ne sont pas là pour révolutionner un courant musical depuis déjà longtemps installé mais, en revanche, refusent de se contenter de singer les "locomotives" punks. Bien au contraire. Et ils avancent, coûte que coûte. Motivés, ambitieux (en 1999, ils avaient créé HB Productions, association à but non lucratif, pour mieux s’autogérer), ils produisent, en collaboration avec Crash Disques et Diabolik, leur premier album, un 10 titres, avec Fred Gramache aux manettes (enregistré au studio Pôle Nord) et mixé par Fred Norguet (on ne le présente plus). Ce disque long format représente un moment crucial dans la progression du quatuor. Et là où pas mal de groupes fatiguent l’oreille après quelques morceaux, les Homeboys, eux, intriguent puis séduisent pour finalement s’imposer définitivement. Du punk, ils ont conservé l’aspect brut, les mélodies tendues, parfois presque aériennes, quand les voix s’unissent aux guitares. Ils ont su éviter les pièges et ont transmis leur passion pour les compos efficaces. Entre un Burning Heads (sûrement leur plus grande influence) et un Marshes, avec qui ils partagent le même sens de l’émotion, entre un Bushmen et un Snuff pour l’aspect viscéral, punk roots et un Horace Pinker pour le côté décalé, la musique des Homeboys propose une lecture à deux vitesses. L’énergie frappe d’entrée, promettant d’ores et déjà des concerts explosifs. Et puis s’installe une évidence : derrière leurs perles mélodiques, les Homeboys ont su se construire leur monde à eux, fait de cassures de rythmes, d’accélérations, de décalages entre la fureur sonique et les atmosphères teintées de mélancolie salvatrice. Peu importe si leur punk se moque des codes et des familles musicales, ils le chantent sans la moindre appréhension : "I don’t care about fashion". Les Homeboys méritent toute votre attention.